A.2 PAU - AGEN 27 - 15

A.2 PAU - AGEN 27 - 15



Section Paloise / SU Agen : 27 à 15

Pau – Stade du Hameau
Temps : d’automne, froid et pluvieux, très léger vent
mi-temps : 19 à 12 ; score final : 27 à 15
Pelouse grasse
6 572 spectateurs

Pau : 2 essais : Nicolas Mouret (35ème), Sébastien Rouet (46ème) ;
1 transformation (35ème) ; 2 pénalités (14ème, 19ème), 3 drops : (23ème, 29ème) André Hough, Mathieu Dourthe (68ème)

SU Agen : 2 essais : A. Badenhorst (7ème) ; S.Dupuy (31ème) ;
1 transformation (31ème) ; 2 pénalités : (42ème) J.Miquel

Evolution du score : 0/5 ; 3/5 ; 6/5 ; 9/5 , 12/5 , 12/12 , 19/12 - 19/15 ; 24/15 ; 27/15


« Dédé » Hough a posé des problèmes insurmontables aux Agenais avec son jeu au pied

La Section pose sa patte

Personne ne les attend, c'est peut-être là qu'ils sont les meilleurs. Pas vraiment dans les petits papiers des bookmakers, les Palois ont montré qu'il faudrait compter avec eux cette saison. Et malgré toute leur bonne volonté hier soir au Hameau, les Agenais n'ont rien eu à redire à la supériorité locale.

Dès l'entame, les ratés du chronomètre du tableau d'affichage, n'ont d'égales que les imprécisions agenaises. On sent le SUA fébrile et Michkhaneli n'hésite pas à cravater Puyo. Mais Hough ne profite pas de la pénalité qui s'offre à lui. Pas plus qu'il ne réussit son audacieuse tentative de drop dans la foulée. Bref, la Section semble affectionner les voyages à vide. Tout le contraire d'une formation lot-et-garonnaise qui touche le jackpot dès sa première incursion dans le camp béarnais.

Du Plessis tape à suivre dans la diagonale et oblige Dourthe, lancé à la tombée du ballon, à tacler le cuir en touche. La suite est limpide. Badenhorst saute plus haut, ses partenaires le propulsent dans l'en-but, cinq mètres plus loin et c'est la douche froide au Hameau (0-5, 9e).

Puisque Hough était tout de même membre éminent du gratin des buteurs du Top 14, la saison dernière sous le maillot d'Albi, il se fait fort de remettre les pendules à l'heure, en deux temps, trois minutes (6-5, 20e). Impeccable pour occuper le terrain adverse, l'ouvreur sud-africain a manifestement trouvé le chemin des perches, témoin ce drop qui conclut un mouvement impulsé côté gauche par une charge splendide de Cazalot (9-5, 25e). La mise sur orbite de Hough est d'ailleurs systématique, la récidive aussi (12-5, 32e).

Mais si les Palois avaient un gros défaut, en ce début de championnat, ce serait leur capacité à se déconcentrer subitement. Il n'en faut pas plus au Sporting pour recoller au score, grâce à une pénalité jouée à la main sur la ligne des 22 palois et un joli slalom de Dupuy pour un essai entre les poteaux (12-12, 33e). Après les carences, les qualités. Et celle qui caractérise le plus la Section, c'est l'orgueil. Alors Dourthe prend l'intervalle, embarque la défense visiteuse et renverse parfaitement le jeu pour envoyer le lévrier Mouret vers l'essai dans le coin gauche (19-12, 37e). Une chose est sûre, on ne s'ennuie pas sous la pluie béarnaise.

La mêlée s'en charge. Revenus un peu tôt sur la pelouse et sous les trombes d'eau, les Palois sont cueillis à froid après le repos, avec trois points de Miquel, mais, encore une fois, ils se rattrapent illico en pilonnant la ligne lot-et-garonnaise côté gauche. C'est Rouet qui a le dernier mot, pour un essai à mettre aussi bien au crédit de tout le pack vert et blanc (24-15, 46e).

Les trois quarts béarnais décident clairement de passer la surmultipliée mais leurs bonnes inspirations demeurent stériles. Pourtant, Mouret fait valoir à deux reprises ses aptitudes à la fois pour le sprint et pour le football, mais tour à tour, Du Plessis et Edmond-Samuel sauvent Agen in extremis. Défensivement, le SUA est d'ailleurs héroïque sur sa ligne.

Passée l'heure de jeu, c'est la mêlée paloise qui prend les choses en main, imposant une pression d'enfer à son homologue. Mais Fakalelu laisse échapper le ballon au moment d'aplatir… Alors c'est encore de Dourthe que vient la lumière, sous la forme d'un drop d'école de 35 mètres côté droit (27-15, 69e). La profondeur du banc palois finit le boulot. Et la Section pose sa patte sur la saison nouvelle.



APRÈS PAU - AGEN. Face à l'une des équipes annoncées parmi les gros bras, les Palois ont réalisé le match qu'il fallait, affichant à la fois leurs progrès et leurs facultés à s'adapter aux conditions de jeu

C'est bon pour le moral

Visiblement, la chute a été brutale, la déception aussi. À la sortie du vestiaire, le visage fermé, le troisième ligne agenais Jean Monribot partageait sa désillusion : « C'est une déception parce que nous avions des ambitions et que nous sortions d'un bon premier match contre Auch. Les Palois nous ont montré qu'ils avaient placé la barre haute. Trop haute pour nous en tout cas. Nous sommes encore des petits. »

Non loin, le sage Henry Broncan traduisait le sentiment d'impuissance du SUA : « Il n'y a rien à dire. La Section était meilleure que nous. Le score aurait même pu être plus ample pour les Palois. Nous avons été dominés par une mêlée béarnaise qui a beaucoup progressé. Nous lui étions supérieurs il y a un an, ce n'est plus le cas. »

L'hommage doit aller droit au cœur des protagonistes du double affrontement de la saison dernière. Battue au Hameau en janvier (20-26), étrillée à Armandie en avril (10-45), la Section cuvée 2008-2009 n'a pas beaucoup changé, en termes d'effectif. Mais elle s'est terriblement bonifiée en un été. Comme quoi, le potentiel ne demandait qu'à éclore.

Alors bien sûr, il est trop tôt pour faire de Pau un candidat à l'élite. Il n'empêche que, dans les têtes, la donne a changé. « Peut-être que l'an dernier, on se serait affolé après un tel début de match (Agen a planté un essai sur sa première incursion dans le camp palois). Là, nous avons été sérieux pour revenir au score. Nous les avons bougés en mêlée et poussés à la faute. Dans le groupe, on s'entraide tous », soulignait le pilier Julien Jacquot, impeccable dans le combat, comme tout le pack béarnais. Ce qui ne manque pas de ravir son entraîneur Joël Rey. « Pour le moral, cette victoire vient à point. Nous avons bien tenu la mêlée et en touche, nous avons rectifié le tir. Derrière, il était alors plus facile de mettre le jeu en place. »

Ce qui a surtout plu au staff vert et blanc, c'est la capacité de réaction de ses hommes. « Nous n'avons pas démarré dans les meilleures conditions, mais nous ne nous sommes pas énervés. Cette équipe a de vraies qualités morales. Et puis André (Hough) nous a permis de bien renverser le score. » Celui que tout le monde surnomme déjà « Dédé », restera comme le grand bonhomme de la rencontre. Henry Broncan n'oubliait pas de mettre en exergue la performance de l'ancien Albigeois : « Pau s'est appuyé sur son excellent demi d'ouverture, qui a constamment ramené le jeu chez nous. La pression paloise était trop forte pour que nous puissions mieux occuper le terrain. » Bref, l'affaire avait été préparée aux petits oignons. Thierry Cléda savourait une stratégie parfaitement élaborée : « Sur les coups de pieds de Dédé, tout le monde montait en ligne de manière cohérente. Du coup, nous avons été assez peu mis en danger. » Et la Section a passé le plus clair de son temps au-delà de la ligne médiane.


Physiquement au top. Quant à résumer Hough à son fameux pied droit, ce serait réducteur. Par deux fois, son flair lui a permis d'intercepter des passes agenaises, mais la finition n'a pas été au rendez-vous. Difficile de faire la fine bouche cependant, au vu des conditions météo qui ont transformé le ballon en véritable savonnette !

La conquête, l'occupation du terrain, l'adaptation aux intempéries, la partition paloise n'a souffert d'aucune fausse note. Et ce pendant quatre-vingt minutes. Parce que la dernière grande satisfaction de la soirée, c'est la belle forme physique de l'équipe. Contre des Auscitains au bord de la rupture, le SUA avait terminé en boulet de canon la semaine dernière. Ils n'ont pu récidiver face à plus affûtés qu'eux. « Le travail de Christophe Savio (NDLR : le préparateur physique), nous a permis de bien finir la rencontre », n'a pas manqué de relever Joël Rey. On pourrait ajouter aussi la profondeur de banc. Quand un Peni Fakalelu, un Romain Froment, un Sébastien Descons ou un Julien Dumora entrent en jeu au cours du deuxième acte, c'est pour fournir un nouveau casse-tête aux Agenais.

« C'est très important de bien débuter une saison. On a payé nos mauvais départs par le passé. Il nous fallait donc confirmer le nul obtenu à Béziers », insistait Mathieu Dourthe, auteur d'une passe décisive et du drop qui a fini d'écœurer les Lot-et-Garonnais. Allez, dimanche, il faudra en remettre une couche. C'est Grenoble qui devra perdre ses illusions…